Histoire du Théâtre

Le Théâtre du Gymnase a 200 ans d'existence ; il a été construit en 1820, en moins de trois mois, par les architectes Rougevin et Guerchy à son emplacement actuel, sur un terrain qu'avait occupé le Café Vasparo et où se trouvait jadis le cimetière Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. 

 

Le Gymnase Dramatique

A cette date, le privilège acquis par Delestre-Poirson, premier directeur du théâtre d'essai, servirait à l'entraînement des élèves du Conservatoire, en représentant des pièces en un acte ou réduites à un acte. C'est ainsi que le 23 décembre 1820, pour l'inauguration, furent représentés un prologue en vaudeville de Scribe, Moreau et Mélesville : Le Boulevard de Bonne-Nouvelle et L'amour médecin de Molière, réduit à un acte par la suppression des ballets, intermèdes et entrées.

Poirson put cependant assez rapidement jouer des pièces "ne dépassant pas trois actes" toujours mêlées de couplets avec des sorties en musique. Il s'attacha Scribe par contrat exclusif et sut s'attirer les bonnes grâces de Madame, Duchesse de Berry. Après avoir, durant l'été 1824, envoyé sa troupe à Dieppe pour le divertissement de la Duchesse, il faut autorisé à changer le nom de son théâtre, qui devint le Théâtre de Madame.

Les Parisiens prirent bien vite l'habitude d'aller à cet agréable et moderne établissement (Poirson avait été, dès 1823, l'un des premiers à installer le gaz d'éclairage), et d'y applaudir des petites pièces gaies, morales et de bonne compagnie, mais parfois aussi de tendance libérales comme la pièce de Scribe, intitulée Avant, pendant et après, qui lui attira en 1829 le mécontentement de la Cour.

Fermé en juin 1830 pour réparations, le théâtre reprit, après la révolution de juillet, son nom de Gymnase Dramatique, qu'il n'a plus quitté depuis.

Avec Scribe et pendant 25 années s'installa le genre "honnête" où sont prônées les vertus bourgeoises et civiques, où l'amour domestiqué ne joue qu'un rôle de "faire valoir" donnant l'occasion d'étaler l'importance du Père de Famille, la victoire de la Sagesse et de la Raison... Jusqu'au moment où, Poirson ayant cédé en 1844 la direction à Montigny, ce dernier s'aperçut que le public commençait à bouder les oeuvres édifiantes et à se désintéresser des filles pures, pauvres et vertueuses. Alors, insensiblement, le Gymnase transforme son répertoire et aborde une phase nouvelle.

Le genre sentimental

"Il (Le Théâtre du Gymnase) est désormais tout acquis à ce genre dont il a singulièrement développé l'importance" constatait Monselet en 1864, "c'est-à-dire l'étude des phénomènes de la passion, l'analyse des sentiments exceptionnels. Son répertoire est comme une audacieuse parenthèse ouverte dans la société actuelle. Il se plait dans l'illicite, il va droit au scabreux... A lui les situations compomettantes, les turpitudes froides, les effronteries calculées. Il a une loupe pour tous les scandales. Ses pièces durent toute une soirée, ses comédies ne reculent ni devant les coups de pistolet, ni devant les sanglots, ni devant les agonies."

Cette période fut marquée par des représentations de Balzac, d'Emile Augier, de George Sand, d'Alexandre Dumas Père, d'Edmond About, etc., par les créations des pièces de Sardou, de Feuillet, de Meilhac et Halévy, etc. et surtout des pièces à thèse d'Alexandre Dumas Fils, que le Théâtre du Gymnase révéla à la critique et au public. Comme Scribe avait donné sa marque à la première époque, Alexandre Dumas Fils fut pour une nouvelle période l'auteur dramatique idéal du Théâtre du Gymnase.

Des directions éclectiques

A partir de 1881, les pièces d'Ohnet, Marcel Prévost, Robert de Flers, nous amènent à la période Bernstein qui créa au Gymnase plusieurs de ses oeuvres et des plus remarquables telles que Samson, La Rafale, La Galerie des glaces, Mélo, Le Bonheur, Le Messager; et qui en devint directeur en 1926.

Succédant en 1939 à Henry Bernstein, Madame Paule Rolle monta entre autres : Jazz de Marcel Pagnol, Rêves d'amour de René Fauchois, Les Parents terribles de Jean Cocteau, Adorable Julie de Marc-Gilbert Sauvajon. Sacha Guitry vint, sur la scène où débuta son père, jouer Toc et Debureau, puis, après avoir interprété La Bonne soupe de Félicien Marceau, Le Balcon de Jean Genet, La Voleuse de Londres de Georges Neveux, Madame Marie Bell succéda à Madame Marie-Rose Belin à la direction du Théâtre en 1962.

Depuis lors se sont succédés Adieu prudence, adapté par Barillet et Grédy, Les Violons parfois de Françoise Sagan, La Vénus de Milo de Jacques Deval, Le Fil rouge de Denker, marqué par l'interprétation de Curd Jurgens, Des clowns par milliers de Gardner, adapté par Jean Cosmos où triompha Yvs Montand, Après la chute d'Arthur Meiller, Madame Princesse de Félicien Marceau, Le Cheval épanoui de Françoise Saan, Les Yeux crevés de Jean Cau, Le Vison voyageur de Ray Cooney et John Chapman, adapté par Jean-Loup Dabadie, Le Contrat de Francis Veber, Le Canard à l'orange et Ne coupez pas mes arbres de William Douglas Home, version française de Marc-Gilbert Sauvajon, et Cher menteur de Jérôme Kilty avec Paul Meurisse, Le Saut du lit de Marcel Mithois avec Micheline Boudet et Guy Tréjan, Simon le bienheureux adapté par Matthieu Galey et mise en scène par Michel Fagadau, Viens chez moi, j'habite chez une copine, mise en scène par Luis Rego, Une aspirine pour deux de Woody Allen adapté par Francis Perrin, Coluche, No man's land d'Harold Pinter avec Guy Tréjan et Michel Bouquet, L'Atelier de Jean-Clause Grumberg, arrête ton cinéma adaptée par Gérard Oury avec Jacques Weber et Françoise Fabien, Le Grand Orchestre du Splendid, Guy Bedos, Thierry le Luron, Francis Perrin dans Mon Panthéon est décousu.

Succédant en août 1985 à Madame Marie Bell, Jacques Bertin, déjà administrateur depuis 1975, assume désormais la direction du Théâtre du Gymnase Marie Bell.